NEEL DOFF fabrique des chapeaux
Neel Doff 1858 – 1942
Neel Doff est née en 1858 aux Pays Bas et a émigré en Belgique à l’âge de 15 ans, fuyant la misère avec toute sa famille. Elle raconte son expérience d’ouvrière dans Jours de famine et de détresse : « Une jeune femme du voisinage m’emmena à la fabrique de chapeaux où elle était employée. On me conduisit dans un grand atelier rempli de vapeur, où des femmes, presque toutes jeunes, besognaient. [….] Le travail consistait à tremper dans l’eau vitriolée de longs bonnets de laine et à les enrouler en les frottant sur une tablette attenante aux bacs. On répétait l’opération jusqu’à ce que les bonnets fussent assez rétrécis pour en façonner des chapeaux de feutre. On suait abominablement à cette besogne, et, par cet hiver glacé, presque toutes toussaient.
L’eau était très chaude, l’acide corrosif : mes ongles se ramollirent en quelques heures, et se cassèrent, laissant dépasser un gros bourrelet de chair au bout de chaque doigt. A l’heure du déjeuner, mes mains étaient si gonflées et si douloureuses que je ne pus presque tenir ma tartine . »
Plus tard, Neel se mariera avec Fernand Browez, fils d’un notaire du Borinage, socialiste, idéaliste, directeur de la revue La Société nouvelle. Devenue veuve en 1897, elle est riche mais désespérée. Après quelques voyages, elle épouse Georges Serigiers, avocat anversois qui la laisse le plus souvent seule. Alors qu’elle voit jouer des enfants pauvres, en guenilles, son passé lui remonte à la gorge. Elle écrit Jours de famine et de détresse qui évoque les années noires de son enfance. « J’ai connu la misère, dit-elle, et je tremble d’y retourner ».
Elle meurt à Bruxelles le 4 juillet 1942.
