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les années 60/70 en principales
LES PREMIÈRES JOIES DE MES 14 ANS MON MÉTIER en 1966
que reste t il des Terre-Neuvas
que reste t il ,de ces pensées enfouies
d'un reve prochain ,dans notre jeunesse
partir pecher vers des horizons lointains
pour y trouver des idéaux ,dans leurs promesses
que reste t il de ces beaux jours
de nos départs de nos retours
de ces bateaux qui firent le reve
et la fierté de nos labours
que reste t il de toutes ses heures
de nos courages ,de nos valeurs
de ces envies de toujours s'éloigner
de nos familles de nos enfants sans cesse
que reste t il de nos copains
du petit mousse aux plus anciens
du capitaine,aux mécaniciens
qui travaillaient avec tant de noblesse
que reste t il de nos photos aujourd'hui jaunies
de cet esprit de bonne camaraderie
de ces équipages vailliants marins
de ce dur métier ,si fort quand il nous tient
que reste t il de ces pontées
de ces moments vrais a en crever
de tout ces poissons péchés a chaviré
qui nous usait la peau et la santé
que reste t il de ces souffrances oubliées
de toutes ces morues tant recherchées
des bals de jours en bals de nuits
de ces heures passés sans vraiment vivre
que reste t il de ce froid intense
de cette mer déchainée en flots immences
des jours de cap , ou de délivrance
en quelques heures de repos pour oublier l'accoutumence
que reste t il de ces chalutiers
de ses fiers navires ,ces morutiers
les ancres dans l'eau , toujours chargés
ramenant leurs équipages dans leurs foyers
que reste t il de ces grands ports
ou les débarques y sentaient fort
ou les hommes y étaient des marins
qui a peine venus , l'on voyait fuire dans le lointain
que reste t il de ce port fécampois
si plein de bateaux de terre-neuvas
construits de fer ou bien de bois
que l'on ne trouve aujourd'hui
que sur des cartes d'autrefois
Michel Laperdrix
Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires.
O flots, que vous savez de lugubres histoires
Flots profonds redoutés des mères à genoux
Vous vous les racontez en montant les marées
Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous
Oh. combien de Marins,combien de Capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis
Combien ont disparu, dure et triste fortune
Dans une mer sans fond,par une nuit sans lune
Sous l'aveugle océan a jamais enfouis
Combien de patrons morts avec leurs equipages
L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d'un souffle il a dispersé sur les flots
Nul ne saura leur fin dans l'abime plongee
Chaque vague en passant d'un butin s'est chargee
L'une a saisi l'esquif,l'autre les matelots
Nul ne sait votre sort,pauvres tetes perdues
Vous roulez a travers les sombres étendues
Heurtant de vos fonfs morts des éceuils inconnus
Oh que de vieux parents,qui n'avaient plus qu'un reve
Sont mortd en attendant tous les jours,sur la greve
Ceux qui ne sont pas revennus
On s'entretient de vous parfois dans nos veillees
Maint joyeux cercle,assis sur des ancres rouilles
Mele encore quelque temps vos nons d'ombre couverts
Aux rires,aux refrains,aux recits d'avantures
Aux baisers qu'on derobe a vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goemons verts
On demande(ou sont ils;Sont-ils rois dans quelques iles
Nous ont ils delaisses pour un bord plus fertile
Puis votre souvenir meme est enseveli
Le corp se perd dans l'eau,le nom dans la memoirer
Le temps,qui sur toute ombre en verse une plus noire
Sur le sombre Ocean jette le sombre oubli
Bientot des yeux de toute votre ombre est disparue
L'un n'a t'il pas sa barque et l'autre sa charue
Seules, durantces nuits ou l'orage est vainqueur
Vos veuves aux fronts blancs,lasses de vous attendre
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur
Et quand la tombe enfin a fermé leurs paupieres
Rien ne sait plus vos noms,pas meme une humble pierre
Dans l'etroit cimetiere ou l'echo vous repond
Pas meme un saule vert qui s'effeuillie a l'automne
Pas meme la chanson naive et monotone
Que chante un mandiant a l'angle du vieux port
Ou sont ils les marins sombres dans les nuits noires
O flots, que vous savez de lugubres histoires
Flots profonds ,redoutes des meres a genoux
Vous vous les racontez en montant les marees
Et c'est ce qui vous fait ces voix desesperees
Que vous avez le soir quand vous venez vers NOUS
OCEANONOX
Victor HUGO (1802-1885) br
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