 Avant nous à travers les mêmes arbres Le vent soufflait, quand il faisait du vent, Et les feuilles ne bougeaient pas D'une autre façon qu'aujourd'hui. Nous passons, nous nous agitons, en pure perte. Nous ne faisons pas plus de bruit dans tout ce qui existe Que les feuilles des arbres Et le souffle des vents. Lors par délaissement assidu essayons De confier tous nos efforts à la Nature Et de ne pas vouloir vivre plus fort Que ne vivent les arbres verts. Inutiles, les grands airs que nous nous donnons. À part nous-mêmes, rien de par le vaste monde Ne salue notre grandeur, rien N'est enclin à sur nous se régler. Si sur ce rivage, ici, mes empreintes, Sur le sable, la mer en trois vagues, trois, les efface, Qu'en sera-t-il sur la haute plage Où la mer est le Temps ? Ricardo Reis Odes retrouvées ( 1914 - 1934 )
Fernando Pessoa ( 1888 - 1935 ) est considéré comme le plus grand écrivain portugais depuis Camões. A la fois sentimental et cynique, rationaliste et mystique, classique et baroque, il a fait de ses contradictions, à travers plusieurs « hétéronymes », la matière même de son œuvre. Alberto Caeiro, ( Le gardien de troupeau - 1914 -) fut le premier grand hétéronyme de Fernando Pessoa , mais c'est une ode écrite sous l'hétéronyme de Ricardo Reis que j'ai choisi de partager ici. Prima
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